UN AVION AMERICAIN FAIT UN ATERRISSAGE FORCÉ
LE 16 FEVRIER 1943 A SAINT-GILLES-LES-BOIS




Le 16 février 1943, un avion américain est en perdition, il tourne autour du secteur Pommerit-le-Vicomte - Saint-Gilles-les-Bois, les trois occupants sautent en parachute, l'avion va s'écraser dans un pré. L'un des aviateurs vient atterrir à la limite de Pommerit-le-Vicomte et Saint-Gilles-les-Bois à proximité d'une exploitation agricole tenue par la famille BOIZARD. Auguste LE CORRE et François PERENNES sont rapidement sur les lieux comme une vingtaine d'habitants du secteur. L'aviateur est recueilli, caché et des préparatifs sont en cours pour organiser sa fuite. François PERENNES fait disparaître les traces du parachute. Mais la chute de l'avion n'étant pas passée inaperçue, l'aviateur est découvert, caché dans un tas de balles d'avoine. Jeanne et François BOIZARD ainsi que François PERENNES sont arrêtés par des Feldgendarmes et conduits à Guingamp pour y subir un interrogatoire. Auguste LE CORRE qui avait tenté de faire évacuer un autre aviateur, sera quant à lui, conduit à la Feldgendarmerie de Guingamp par les gendarmes de Pontrieux où il sera arrêté par les Allemands.
C'est une dénonciation de deux femmes du bourg de Pommerit-le-Vicomte qui est à l'origine de ces quatre arrestations.
Ils sont transférés à Saint-Brieuc puis à Rennes et enfin à Paris où ils sont jugés à l'Hôtel Continental et condamnés à la déportation en Allemagne.

Arrestation de Jeanne et François BOIZARD
à Pommerit-le-Vicomte le 19 février 1943.


Le 18 février 1944, une automobile Juva-Quatre dans laquelle se trouvent deux Feldgendarmes arrive dans l'exploitation agricole tenue au bourg de Saint-Gilles-les-Bois par la famille BOIZARD, François le père est emmenée au siège de la Feldkommandantur à Guingamp pour un interrogatoire.

L'officier responsable, à la vue de François BOIZARD père n'est pas satisfait, en effet le François BOIZARD qu'il veut interroger est jeune et porte un béret alors que l'homme qui est en face de lui est âgé et porte une casquette.

Le lendemain dans l'après-midi le même véhicule Juva-Quatre dans laquelle se trouvent deux Feldgendarmes arrive à nouveau au bourg de Saint-Gilles-les-Bois chez la famille BOIZARD, cette fois ils veulent arrêter François BOIZARD fils, celui qui porte un béret.

La famile BOIZARD possède une petite exploitation agricole à Kersentro en Pommerit-le-Vicomte, c'est à cet endroit que François BOIZARD et sa sœur Jeanne s'y trouvent.

Les deux Allemands s'y rendent arrêtent Jeanne et François BOIZARD, les emmenant avec eux à la Feldkommandantur de Guingamp, ils ne reviendront plus jamais.

Les Feldgendarmes connaissaient parfaitement le signalement de François BOIZARD, ce qui prouve que son arrestation et celui de sa sœur sont la conquésence d'une dénonciation, les personnes coupables ont été identifiées, ce sont deux femmes du bourg de Pommerit-le-Vicomte.

Jeanne BOIZARD reviendra de camp de concentration très affaibli par une dysenterie, hospitalisée dans un hôpital d'Annecy en Haute-Savoie tenu par des religieuses, elle succombera après un mois d'agonie.

Sa famille tentera de se rendre à son chevet, mais la désorganisation des transports ne permettra pas le déplacement. Sa maman arrivera le lendemain de ses obsèques qui avaient rassemblé à Annecy une foule considérable.

Sous Préfecture de Guingamp
Etat Français

Guingamp le 25 juillet 1944

Monsieur le sous Préfet de Guingamp
à Monsieur le Préfet des Côtes du Nord

Pour faire suite à votre lettre du 18 courant, j'ai l'honneur de vous faire connaître que Monsieur BOIZARD François âgé de 23 ans, cultivateur à Saint-Gilles-les-Bois et sa sœur Mademoiselle BOIZARD Jeanne âgée de 27 ans ont été effectivement été arrêtés par les autorités d'occupation le 19 février 1943 en même temps que deux autres personnes de la commune Monsieur LE CORRE Auguste 34 ans et Monsieur PERENNES François 22 ans.

Un avion ayant été détruit par la DCA dans la région. Deux aviateurs sont descendus en parachutes le 16 février 1943 à proximité de la ferme de la famille BOIZARD, ils auraient demandé aide. Monsieur BOIZARD et sa sœur leur auraient même prêté des vêtements, ils auraient été dénoncés par des voisins à des militaires Allemands qui les auraient faits arrêter par la feldgendarmerie. Après avoir été transférés à la maison d'arrêt de Saint-Brieuc ils auraient été envoyés en Allemagne où ils travaillent actuellement.

La famille BOIZARD fait objet des meilleurs renseignements à tous les égards.


LE CORRE Auguste
Né le 4 mars 1909 à Pommerit-le-Vicomte, cultivateur, demeurant à Kerprigent en Saint-Gilles-les-Bois, marié, un enfant. Le 19 février 1943, il est arrêté par les autorités d'occupation. Décédé au Kommando de Nordhausen dépendant du camp central de Buchenwald en Allemagne le 5 avril 1945.

BOIZARD Jeanne
Née le 4 mars 1914 à Saint-Gilles-les-Bois, célibataire, Aînée d'une famille de neuf enfants. Le 19 février 1943, il est arrêté par les autorités d'occupation. Déportée à Ravensbrück en Allemagne. Décédée au retour de déportation à l'hôpital d'Annecy le 31 mai 1945.

BOIZARD François

Né le 13 novembre 1918 à Saint-Gilles-les-Bois, célibataire. Le 19 février 1943, il est arrêté par les autorités d'occupation. Décédé de faim et d'épuisement dans un wagon le 11 février 1945 au cours de l'évacuation du camp de concentration de Gross-Rosen en Silésie vers le camp de Dora.

PERENNES François
Né le 8 août 1922 à Saint-Gilles-les-Bois, cultivateur, demeurant à Goasmap en Saint-Gilles-les-Bois. Le 19 février 1943, il est arrêté par les autorités d'occupation. Il connaîtra l'horreur de différents camps de concentration : Hinzert au sud-est de Koblenz (Kommando de Buchenwald), Breslau en Silésie, Gross-Rosen en Silésie, Kamenz au nord-est de Leipzig d'où il partira dans un convoi devant le mener à Salsburg en Autriche, il ne supportera pas le voyage et décédera à proximité de cette ville le 16 mars 1945.


Auguste LE CORRE

François PERENNES

Jeanne BOIZARD

François BOIZARD

December 30, 1945
Henry H. JOHNES
136 - 4 th. Ave N.E. St Petersburg. Fla
Sœur Saint Liguori
Supérieure de l'Ecole Ste Anne
St Gilles les Bois

 

Chère Sœur,

Je désire prendre de cette circonstance, l'occasion de vous remercier de votre bonté de m'écrire et de m'excuser, d'employer la machine à écrire, au lieu de me servir de ma plume, la traduction vous en sera, ainsi, je crois, plus facile.

Mesdames LE CORRE.

Votre lettre a été à la maison depuis un mois ou plus, mais je suis rentré chez moi depuis une huitaine de jours seulement.
Je vous dirai mon histoire, comme elle m'arriva autant qu'il me sera possible de m'en rappeler.
Après avoir quitté votre maison, je me dirigeai vers Brest, espérant me mettre là, en contact avec des Américains déguisés ; toutefois dans la soirée un homme m'aborda et me demanda en anglais, si j'étais anglais. Il avait une figure honnête, aussi, je lui dis que j'étais américain. Il m'invita à rentrer chez lui et me donna à manger. Les chaussures que Monsieur LE CORRE m'avait données étaient un peu trop petites et comme j'avais marché aussi vite que possible pendant plusieurs heures, les ongles de mes orteils m'étaient entrés dans la chair, assez profondément, et mes pieds étaient ensanglantés et très enflés. Ce monsieur me donna du linge et des remèdes pour me soigner les pieds. Il me conseilla, aussi, fortement, de ne pas aller à Brest, car il y avait là, des milliers d'Allemands.
Je pris le parti d'essayer d'aller en Espagne, l'on m'avait donné des instructions pour y trouver de l'aide. De bonne heure le lendemain, avec une plus grande paire de chaussures et un béret, je me suis mis en chemin. J'allais par les champs toute la journée et cette nuit là, je marchais le long de la route vers Saint Brieuc. Durant cette journée, je n'eus ni nourriture, ni sommeil. L'après-midi du lendemain, je demandais à manger dans une petite auberge où l'on tenait aussi, un commerce de bicyclettes. La dame de cette maison avait demeuré à Elisabeth N. J. comme domestique et se rappelait encore un peu d'anglais. Son auberge était à environ 50 kilomètres de Saint Brieuc ; elle me donna une vieille chemise, une cravate et un bol de soupe. Je continuais alors à marcher jusqu'au près de Saint-Brieuc et pour ce temps là, j'étais si fatigué que je pouvais à peine continuer mon chemin. Mes pieds étaient horriblement enflés. J'essayai plusieurs endroits où dormir mais l'humidité et le froid me rendaient si misérable que je ne pouvais m'endormir. Au point du jour, le lendemain matin, je me décidai à passer par Saint-Brieuc pour aller à Rennes. Dans un carrefour de la ville un gendarme me demanda mes papiers. J'essayai de me dégager afin de passer outre, mais, je ne le pus. Son supérieur vint et tous les deux me conduisirent à la Police ou Gendarmerie. En toute loyauté, les Gendarmes me donnèrent l'occasion de m'échapper en me conduisant à la prison, mais, je souffrais tellement des pieds que je pouvais à peine marcher. Ainsi, cela m'était impossible.
Au quartier général de police le galant vieux chef m'embrassa et me remercia de tout ce que j'avais pu faire en combattant les Huns. Il me dit qu'il n'avait d'autre alternative que de me faire conduire à la Gestapo comme il y avait des collaborateurs parmi ses agents de police. La Gestapo vint et m'envoya, immédiatement aux interrogateurs. Je leur dis que j'étais descendu en parachute de mon aéroplane, avait pris les habits que je portais d'une maison de ferme vide et avais enterré mes équipements d'avion et mon parachute. L'histoire, naturellement, ne fut pas crue. Je fus envoyé à la prison, juste avant la nuit. Je ne leur avais rien dit. Mais, j'avais su que les autres membres de mon avion avaient été arrêtés plusieurs jours auparavant et avaient été envoyés en Allemagne. Naturellement, je leur donnai mon nom, mon rang dans l'armée, mon numéro comme il est en règle de le faire dans la loi internationale. Il me fut permis de rester plusieurs heures dans ma cellule, mais, l'on ne me donna rien à manger. Vers les neuf heures, l'on vint me chercher et l'on me conduisit à la chambre d'interrogations. Aussitôt que j'entrai dans la chambre, je vis mes équipements d'aviateur et mon parachute. Je fus consterné.
Les Allemands eurent une attitude absolument différente de celle qu'ils avaient eu la veille. Ils étaient tout souriants et de bonne humeur. Leur chef me dit : "Bien, vous avez essayé de faire votre devoir mais, maintenant, vous devez tout avouer, vous le devez pour le bien du français. D'ailleurs, il nous a tout dit et nous avons seulement besoin de votre histoire pour le mettre en liberté". Ceci me sembla stupide, aussi, je continuais à nier que j'avais eu l'aide de quelqu'un et leur redis mon histoire d'avoir enterré mes vêtements. Ils répondirent : " mais nous savons tout, voyez, ici, vos vêtements, votre nom est dessus". Je niais de nouveau avoir eu aucun secours, espérant que votre mari les avait cachés dans un champ et que les Allemands les y avaient trouvés. Il dit quelque chose au gardien qui ouvrit la porte et fit entrer votre mari et vous même Jeanne BOIZARD. Mon âme se remplit d'amertume. Je me demandais comment Dieu pouvait permettre que de si bonnes gens que vous, pouvaient être jetées et tourmentées par de pareilles angoisses pour avoir essayé de venir en aide à un camarade.
Les Allemands me surveillaient intensément et j'essayais de mon mieux de ne leur donner aucun signe de reconnaissance. L'un d'eux me demanda si je n'avais jamais vu aucun de vous auparavant. Je répondis : "Non, jamais". Alors un autre Allemand demanda quelque chose à votre mari et je pus comprendre les mots "cravate et béret", des vêtements qui m'avaient été donnés par la femme qui tenait l'auberge. Je ne pouvais que penser qu'ils leur avaient parlé des vêtements, mais je soupçonnais que c'était encore une attrape, et je continuais à nier vous avoir vus. Je fus de nouveau conduit à la prison et dans l'après-midi l'on me fit sortir et je vis madame LE CORRE pleurant amèrement devant la porte de la prison. Mon vilain gardien riait ; je vous assure, que si j'avais eu un fusil, je lui aurais fait sauter la cervelle. Justement, là. Enfin, lui et un autre garde me conduisirent en automobile au village près d'où vous demeurez et il parla à un vieillard. Le vieillard entra dans l'automobile et les dirigea à votre ferme. Ils marchèrent directement vers l'arbre où mon parachute tomba et sur terre était encore les traces de mes bottes d'aviateur. Et voilà plus encore de sourires de la part des Allemands. Je fus de nouveau mené à la prison et ce soir là, fus conduit au quartier général, au sergent cuisinier et l'on me donna à dîner; c'était mon premier repas depuis ma prise en captivité. Les Allemands louèrent les soldats du monde entier et parlèrent de tous comme étant des frères divisés entre eux par une politique corrompue. Ceci était tout en ma faveur et je pensais au poème de Gorman parlant de la fraternité. Après dîner, ils me dirent qu'il y avait, seulement, une petite formalité à remplir et qu'après j'aurais pu rejoindre mes camarades en Germanie. Ils dirent qu'ils avaient un acompte détaillé de mes actions depuis le temps où j'avais touché la terre, que j'avais partagé mes cigarettes, mangé à votre table, puis, étant monté j'avais changé de vêtements. Je m'imaginais que l'un de vous avait eu une garantie de non représailles en échange d'une confession, mais, je n'étais pas sûr, ainsi, je refusais de signer que c'était vrai et insistais que je n'avais eu de secours de personne. Ceci les jeta dans une grande colère et ils dirent que "si je ne signais pas ils n'avaient pas de choix, mais qu'ils devaient me considérer comme un agent d'espionnage et qu'ils devaient me fusiller". Je refusais de nouveau. Leur réponse fut "Très bien, vous serez fusillé demain dans la matinée comme un agent d'espionnage". Je sentis la fin de mes jours proche et que tout espoir pour moi était perdu. Mais, j'étais déterminé à ne leur donner aucun secours, quand même. Si votre brave mari avait voulu envisager la mort pour me secourir, le moindre que je pusse faire, c'était de tenir la bouche fermée et de ne rien dire pour le mettre en danger. J'étais convaincu que les Allemands voulaient me faire m'accuser pour avoir un argument pour faire fusiller Monsieur LE CORRE. Donc, je refusais et l'on me dit de nouveau que je serais fusillé dans la cour de la prison, dans la matinée. Je fus reconduit à la prison ; j'étais si fatigué mentalement et physiquement que la vie m'importait peu. Mais, j'espérais en finir comme un homme. Je priais pendant quelques instants et puis, je m'endormis.
De bonne heure le matin, j'entendis les clefs résonner dans les serrures, les barreaux glisser et la porte s'ouvrit, mon estomac me pesait comme du plomb et mes mains tremblaient comme des feuilles. Je pensais en moi-même, je dois me maîtriser. Si je dois mourir, je dois le faire de manière à donner crédit [faire honneur] à ma famille, à mon pays et à mes amis. Je regardais le gardien, sa figure était très pâle. Quand je me levai je me sentis un peu mieux, je me redressai et marchai de mon mieux. Quand j'arrivai au bureau du commandant il me demanda si je voulais signer la confession ? Je répondis : "non". Il me regarda en face et éclata de rire. Il me dit que tout était fini et que je serais dans le train pour l'Allemagne dans une heure pour rejoindre mes camarades. Il me félicita comme soldat et me dit qu'il espérait que ses soldats se conduiraient aussi bien, s'ils étaient pris en captivité.
Je fus envoyé en Allemagne et fus, alors, dans un camp de prisonniers jusqu'au 4 mars 1945.
Je n'entrerai pas dans les détails de ma vie de prisonnier comme vous devez l'avoir entendu par quelques uns de vos voisins. C'est assez de vous dire que la première année était, simplement, un enfer. Je pesais, seulement, 108 pounds six mois après avoir été pris en captivité. Il n'y avait pas de Croix Rouge pour nous fournir des vivres, durant ce temps nous étions dans un camp Russe près de Berlin. Au bout de six mois, cependant, nous commençâmes à recevoir des vivres par la Suisse, alors, nous fumes un peu mieux.
Après cela je fus délivré par les Américains et fus envoyé, directement, en Angleterre et fus là jusqu'au 18 juin. Je retournai aux Etats Unis le 1er juillet. On me donna soixante jours de repos et je vis alors ma famille pour la première fois depuis quatre ans. Mon plus jeune frère était pilote sur un bombardier et vola 35 raids sur l'Allemagne. Il vint à la maison pendant quelques mois et fut envoyé après aux Indes et à Burma pour combattre les Japonais. La guerre japonaise finit, ma mère fut enfin sans inquiétude. Ses deux fils étaient revenus à la maison en vie.
Madame LE CORRE, il y a deux questions qui me traversent l'esprit et si vous le pouvez, voulez-vous y répondre?
1er : comment les Allemands vous ont-ils trouvé ?
2ème : pourquoi n'avez-vous pas brûlé les équipements d'avion et le parachute, comme je vous l'avais dit ? Aussi pourquoi Monsieurr LE CORRE a-t-il dit "Oui" quand on vous a amenés dans la chambre d'interrogation ?
Je prie Dieu que votre mari vous soit retourné sain et sauf. Je voudrais qu'il m'eut été possible de prévoir le désastre que j'avais causé en acceptant votre amitié. Toutefois, nous ne sommes pas maîtres de notre sort. Même en essayant de mon plus grand mieux, je ne pourrais, évidemment, aider Monsieur LE CORRE.
Veuillez, s'il vous plaît, me dire l'histoire comme vous l'avez vue.
S'il y avait quelque chose que je pusse faire, n'hésitez pas, je vous en prie, à me le faire savoir, et, s'il vous plaît écrivez. Votre très reconnaissant ami.

P.S. Sœur Liguori : Voulez-vous, s'il vous plaît, donner cette lettre à Madame LE CORRE et la lui traduire. Merci beaucoup.